UN MARCHÉ EN DEVENIR
L’époque contemporaine a favorisé la naissance d’individualité chez les artistes aborigènes .
De nouveaux styles bien identifiables sont apparus. Contrairement au passé, à la lecture d’une toile il devient évident que celle-ci est l’œuvre de tel artiste ou de tel autre.
Malgré cette attache au monde sacré du rêve, la liberté artistique est bien réelle et certains ont su bousculer les frontières, les conventions picturales et hissé l’art aborigène au plus haut niveau.

C’est un marché très dynamique. Cependant, de nouveaux intermédiaires profiteurs ont proliféré : galeries moins établies, sites internet de vente directe et « carpets baggers » (marchands de tapis) encouragent les artistes à surproduire saturant le marché, peintures de mauvaise qualité, qui complique la traçabilité et la crédibilité des œuvres.
Quelques difficultés émaillèrent le marché de l’art aborigène ces dernières années avec des hommes d’affaires qualifiés de « carpet-baggers », exploitant la naïveté d’artistes souvent âgés, invités à peindre sous la contrainte, ou en compensation de dettes imaginaires.
Falsifications et copyright, les tribunaux et l’état fédéral ont dû intervenir pour légiférer et établir de façon incontournable et définitive le droit à la propriété intellectuelle des artistes non seulement sur les œuvres, mais aussi sur les motifs claniques.
Sans l’art aborigène, qui se soucierait d’eux ? L’art aborigène a été un merveilleux moyen de faire connaître leur culture. Cela a profondément modifié la perception que l’on se faisait d’eux non seulement en Australie mais dans le reste du monde aussi.
Bien sûr ils peignent aussi pour l’argent. Le taux de chômage pouvant atteindre les 90% dans les communautés, il faut trouver des ressources. Croyez vous que les artistes occidentaux produisent sans se soucier de l’argent ? Et puis ils partagent l’argent au sein de la communauté.
Toutes les personnes ayant des droits sur les motifs peints peuvent demander une part du bénéfice de la vente de la toile mais ne peut refuser de partager ses biens.
Tout aborigène peut ainsi réclamer de celui qui apporte de l’argent. Ne pas donner c’est se retrouver isolé dans la communauté. Les peintres connus subissent de grosses pressions de la part de leur entourage. Ce sont autant leurs familles qui poussent les artistes à produire que les galeries. Par exemple Gloria Petyarre faisait vivre 60 personnes.

Quelques grands artistes aborigènes
Parmi les plus connus, on peut notamment citer Emily Kame Kngwarreye, Clifford Possum Tjapaltjarri, Rover Thomas et Jack Kala Kala qui ont pu exposer leurs œuvres dans les plus grandes villes du monde.
Sources : Galerie Gondwana, Aboriginal Signature.
L’artiste le plus célèbre de ce mouvement fut sans doute Clifford Possum Tjapaltjarri, ainsi que Johnny Warangkula, dont Water Dreaming at Kalipinya se vendit par deux fois à un prix record (486 500 dollars la seconde fois, en 2000).
Sur les terres de Maningrida, de nombreux artistes conservent et transmettent la mémoire des mythes au travers d’œuvres de plus en plus codifiées et abstraites. Les créations de John Mawurndjul inspirent toute une nouvelle génération et résonnent bien au-delà de l’Australie comme sur les plafonds de la librairie ou sur une colonne du Musée du Quai Branly, peintes par l’artiste.

Charte éthique
Pour rétablir la confiance des collectionneurs et des artistes, les partenaires de la filière ont établi en 2009, une charte éthique : The Indigenous Art Code, chargé de l’application du copyright.
Le texte stipule que les vendeurs s’engagent à garantir l’authenticité des œuvres et à respecter le droit d’auteur du peintre et de sa famille, et encadre les conditions de rémunération des artistes.
Sources:
Sources « Australie, histoire, société, culture », de Maïa Ponsonnet, éd. La Découverte et Chargée de Recherche CNRS, Dynamique Du Langage
Sources : Wikipédia, Galerie Gondwana, Aboriginal Signature
Sources : La peinture aborigène de Maïa Ponsonnet, Pierre Grundmann et Stéphane Jacob, éd Nouvelles Editions Scala.