QUI SONT-ILS ?

Premiers hommes à avoir occupé le sol australien, les Aborigènes sont les autochtones de l’île continent depuis au moins 40.000 ans.
Durant des millénaires, ces multiples tribus semi-nomades ont développé en autarcie une culture qui leur est propre, jusqu’au débarquement des colons occidentaux à la fin du XVIIIe siècle.
« A l’arrivée des colons anglais, les Aborigènes (…) se déplaçaient au sein de larges territoires, explique la spécialiste de l’Australie Maïa Ponsonnet. Ils vivaient de chasse, de cueillette et de pêche en groupes d’une à quelques dizaines de familles. La fréquence de leurs déplacements et leur ampleur variaient selon les régions, car elles dépendaient largement des ressources en eau et en nourriture. » Source Maïa Ponsonnet- CNRS-
Selon un recensement en 2011, il y aurait 670.000 indigènes en Australie, ce qui représenterait 3% de la population.

Le mystère de leurs origines
La plupart des spécialistes estiment que les Aborigènes australiens auraient atteint l’Australie ou, pour être précis, le protocontinent « Sahul », il y a entre 40.000 et 50.000 ans, BP (before présent), durant l’ère glaciaire.
Les préhistoriens affirment que les premiers habitants sont venus du Sunda, protocontinent qui regroupait l’Indonésie et l’Asie du Sud-Est. Les immigrants ont vraisemblablement débarqué sur la côte Nord par bateaux.
On ignore s’il s’agissait de radeaux de fortune ou de navires élaborés. On ne sait pas non plus le but de leur venue : étaient ils des naufragés, des exilés ou des explorateurs ? L’hypothèse d’arrivées par vagues successives n’a jamais été confirmée. Quoiqu’il en soit, l’homme de Mungo, homo sapiens découvert près d’un lac en Nouvelle Galles du Sud, reste le plus vieux fossile humain connu à ce jour en Australie, et serait daté d’environ 40 000 ans.

La culture aborigène
Pitjantjatjara ou Walpiri dans le désert, Djabukay dans le Queensland, Rembarrnga en Terre d’Arnhem. Il est difficile de parler d’une « culture aborigène » australienne, tant l’organisation sociale traditionnelle est très complexe et varie selon les régions et l’environnement.
Une étude a ainsi évalué à plus de 250 le nombre de langues parlées en Australie à l’arrivée des Britanniques !
Un concept est cependant commun : la tradition aborigène s’appuie sur une spiritualité liée à la terre, au paysage, à la faune et à la flore, renvoyant à l’aube de la création du monde.

« Beaucoup de groupes aborigènes estiment qu’au temps des origines la Terre a été le théâtre d’événements cosmologiques au cours desquels les ancêtres (…) ont créé des paysages, les hommes, les divisions claniques, les rituels et la gestion foncière », résume Maïa Ponsonnet.
Selon les croyances des Aborigènes, rochers, collines, lacs portent l’empreinte laissée par les esprits créateurs. L’histoire de chaque ancêtre créateur s’inscrit dans un itinéraire géographique qui peut en croiser d’autres.
On traduit généralement cette philosophie religieuse, comme une notion de Loi (Loi absolue, totale, infaillible, dictée par les ancêtres) par le « Temps du rêve ».
Les cérémonies rituelles des aborigènes, chants, danses et peintures corporelles, maintiennent le lien entre le monde des vivants et celui des ancêtres : il s’agit de perpétuer les épisodes créateurs et les transmettre aux jeunes adultes, avec un concept de sacré/secret partagé qu’entre initiés, souvent héréditaire.
Parmi les traits marquants de la culture aborigène, la peinture a une place importante qu’elle soit rupestre, sur sol, sur bois ou, plus récemment, sur tissu.
Le kriol, un créole d’anglais qui s’est développé au début du XXe siècle, constitue aujourd’hui la première langue des Aborigènes.

Ces populations avaient une mythologie commune appelée le TEMPS DU REVE ( Tjukurpa en langue Anangu). Le « temps du rêve » explique les origines du monde, de l’Australie et de ses habitants. Selon cette tradition, des créatures géantes comme le SERPENT ARC EN CIEL sont sorties de la terre, de la mer et du ciel et ont créé la vie et les paysages. Leurs corps géants ont formé les sols, créé les fleuves et les chaines de montagnes et leurs esprits sont restés dans la terre, la rendant ainsi sacrée aux peuples indigènes.
Les anthropologues australiens qui veulent faire des généralisations suggèrent que les mythes aborigènes sont toujours suivis à travers le pays car ils remplissent une importante fonction sociale: justifier les règles de vie quotidienne, contribuer à façonner les idées des peuples, aider à avoir de l’influence sur le comportement des autres, en incorporant continuellement et en « mythologisant » les événements historiques, au service de ces objectifs sociaux dans le contexte de forte évolution de l’époque moderne.
Les spécialistes aborigènes qui souhaitent généraliser pensent que tous les mythes aborigènes, une fois combinés, représentent une sorte de bibliothèque orale, dans laquelle les aborigènes puiseraient pour découvrir le monde et percevoir une réalité propre
« Les peuples aborigènes apprennent de ces histoires qu’une société ne doit pas être centrée sur l’homme, mais plutôt sur un territoire. Dans le cas contraire, ils oublient leurs origines et leur raison d’être
Les peuples vont et viennent, mais les terres (et leurs histoires) persistent.
